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Univers social

31 mai 2006

Faut-il s’étonner du statut des États-Unis ?

À l’orée du 21e siècle, nous vivons dans un monde dominé non pas par des idéaux mais par des doctrines. Celle qui nous touche le plus est bien entendu ce fameux capitalisme bien orchestré par les États-Unis d’Amériques, la superpuissance mondiale. Dans ce contexte de mondialisation où les multinationales possèdent une grande part du marché, sommes-nous en train de devenir esclave de notre propre système ? Cet essai se veut un portrait du cheminement historique des États-Unis depuis leur fondation afin de démontrer que le véritable esclave des décisions de ce pays est peut-être le gouvernement lui-même.

La fondation

La colonisation européenne débute au 16e siècle avec la prédominance de trois pays : la France, l’Angleterre et l’Espagne. L’Amérique du nord, divisée entre ces pays, est l’objet de convoitise. Les Anglais s’implantent pour de bon en 1607 avec la fondation de Jamestown, en Virginie. Par la suite, plusieurs colonies seront créées pour former un noyau de 13 États, tous se trouvant sur la côte est du continent. Avec la chute de la Nouvelle-France et le renforcement des armées anglaises, l’Angleterre se fait de plus en plus présente sur le continent. Voyant cela, les colonies américaines démontrent à plusieurs reprises leur mécontentement face à cette gênante domination. L’apothéose de ce conflit a lieu lors de la Guerre d’Indépendance où l’Angleterre fait la guerre à ses propres colonies désireuses de devenir indépendantes. Malgré l’acharnement de la métropole, les États-Unis verront le jour le 4 juillet 1776 avec, comme premier Président de l’histoire de ce jeune pays, George Washington.

La jeune politique

Les premiers temps du pays sont durs et l’autorité est difficile à instaurer à travers la population et le gouvernement. Au Congrès, deux classes politiques s’affrontent quant à la position que devrait adopter le gouvernement. Ces groupes, les fédéralistes et les républicains, seront les deux clans politiques majeurs aux États-Unis et cela jusqu’à nos jours. Dès le début, les fédéralistes (communément appelés démocrates), sont rapidement chassés du pouvoir suite à l’ascension des républicains dirigés successivement par Jefferson, Madison et Monroe. Ce dernier, en affirmant son opposition à toute intervention européenne dans les affaires du continent américain (doctrine de Monroe, 1823), définit les principes de la politique étrangère des États-Unis jusqu’au 20e siècle. Pendant les années suivantes, le pays gronde et la guerre de Sécession du milieu du 19e siècle illustre bien que le pays se cherche encore une identité. L’abolition de l’esclavage étant finalement adoptée, les États-Unis se lancent cette fois dans une autre conquête plus glorieuse : l’Ouest américain.

Conception d’une politique étrangère

Il convient de définir la doctrine Monroe puisqu’elle est la pierre angulaire de toute la politique étrangère américaine du 20e siècle. Comme ses successeurs républicains, Monroe croyait que la maîtrise du sol américain devait être chose acquise avant de pouvoir parler de politique interventionniste. Ainsi, l’Europe n’était pas dans les plans initiale pour le jeune pays mais cela n’était pas le cas de la grande Amérique. En effet, l’Amérique latine tout comme les Antilles constituaient une zone d’influence assez satisfaisante pour l’époque.

Un isolationnisme particulier

William McKinley et Théodore Roosevelt, Président plutôt radical dans ses propos, symbolisent le passage important de la politique étrangère américaine vers un interventionnisme plus marqué et stratégique. Comme il en était question dans l’introduction de cet essai, le gouvernement américain se trouve à être, selon l’auteur, prisonnier de ses propres décisions et cela commence dès le début du 20e siècle. Le principe de « zone d’influence » guide les choix diplomatiques du Président. En 1898, les États-Unis considèrent l’Espagne comme gênante, elle qui est présente sur l’île de Cuba. Voulant garantir la sécurité de son territoire, McKinley, malgré le mécontentement général de la population américaine, déclare la guerre à l’Espagne et envahi Cuba. Cette politique impérialiste se perpétue avec son successeur, Roosevelt, qui jettera son dévolu sur les Philippines, Panama, Porto Rico, Guam ainsi que les autres anciennes possessions espagnoles des Antilles.

L'établissement de cette nouvelle politique est directement en lien avec le bouillonnement économique intérieur des États-Unis. Nombreux sont les propriétaires de grandes entreprises et les directeurs de banques qui ont ouvertement signalé leur appui au Président dans son désir de faire la guerre. Le pays, vivant une crise économique importante depuis plusieurs années et connaissant un nombre de plus de plus alarmant de grèves, avait besoin de ces guerres comme le disait les piliers du capitalisme américains. Les sociaux-démocrates ne pouvaient toutefois pas accepter l’idée que le seul moyen d’arriver à la prospérité économique soit la guerre. L’acharnement de la population à éviter le conflit armé n’est pas venu à bout des aspirations présidentielles.

Les deux guerres mondiales

Initialement, les États-Unis ont refusé de participer directement aux conflits mondiaux. Lors de la Première Guerre mondiale, Wilson, fidèle adepte de la philosophie de l’isolationnisme, doit finalement se rendre à l’évidence que la guerre sous-marine à outrance menée par l’Allemagne ne peut rester sans conséquence. D’ailleurs, le torpillage des paquebots Lusitania et Sussex marque le déclenchement des hostilités des États-Unis. Évidemment, ses faits sont en réalité des prétextes plausibles pour une déclaration de guerre. Toutefois, à l’intérieur du pays, la situation vécue ressemble terriblement à celle du conflit hispo-américain. Plusieurs considèrent que la guerre est un mal nécessaire pour l’économie de la nation alors que les gauchistes refusent ce contexte de guerre afin de stimuler une économie élitiste. Le krach boursier de la fin des années 20 bouleverse l’équilibre de l’économie et tout est remis en question.

Pour une deuxième et dernière fois, les États-Unis sont  entraînés dans une guerre qu’ils n’ont pas voulu, provoqué et prévu. L’attaque de la base navale américaine de Pearl Habor du 7 décembre 1941 marque la fin de l’isolationnisme traditionnel des États-Unis. Considérant le cas de l’Allemagne nazie comme étant l’essentiel du problème européen, la nation américaine doit se rendre à l’évidence que le conflit est mondial et sans doute plus inquiétant que la Grande Guerre. La fin de cet isolationnisme marque le début d’une autre mentalité : l’impérialisme américain.

Bipolarisation et guerre froide (source : Encarta 2005)

« Les États-Unis sortent de la guerre comme la nation la plus puissance de l’Histoire » disait alors Harry Truman, Président ayant utilisé l’arme atomique pour solder le conflit japonais. Plus jamais les États-Unis devront s’adapter aux conflits internationaux ; ils les contrôleront. Sortant de la guerre comme étant une puissance, les États-Unis sont dorénavant LA superpuissance mondiale. L’isolationnisme fait maintenant place à l’interventionnisme.

La politique extérieure du président Truman est dominée par le début de la guerre froide avec l’URSS et le rapprochement étroit des États-Unis avec l’Europe occidentale. Les relations avec l’URSS se dégradent rapidement. L’esprit de coopération qui a prévalu pendant la guerre laisse peu à peu la place à une suspicion réciproque, qui s’envenime pour se cristalliser en une « guerre froide ». Fermement décidés à s’opposer, au besoin par les armes, à tout progrès du communisme dans le monde, les États-Unis, se posant en défenseurs du monde libre, développent une politique extérieure impérialiste et interventionniste. Cette conception idéologique guide leur politique en Europe.

Malgré leur incroyable suprématie économique et militaire, les États-Unis sont très marqués par la guerre froide. Celle-ci engendre, à l’intérieur du pays, des réactions politiques proches de l’intolérance. Les dirigeants du Parti communiste américain sont poursuivis. En 1950, le Congrès impose la loi McCarran, sur la sécurité intérieure, visant à empêcher l’entrée, sur le sol américain, de toute personne membre d’une organisation communiste. Les milieux communistes américains sont, de leur côté, l’objet d’une étroite surveillance. L’instigateur de la campagne anticommuniste aux États-Unis est le sénateur Joseph R. McCarthy. La « chasse aux sorcières » se porte sur des hauts fonctionnaires, des universitaires, des artistes ou des savants, accusés de sympathies communistes. L’iniquité du procès de Julius et Ethel Rosenberg, condamnés à mort et exécutés en 1953, déchire l’opinion américaine et une partie de l’opinion mondiale.

L’élection de Dwight D. Eisenhower et de son vice-président Richard Nixon marque le retour des républicains au pouvoir. Eisenhower et son secrétaire d’État John F. Dulles sont les grands artisans de la politique américaine de « containment » face à l’expansion soviétique. Celle-ci amène les États-Unis à étendre continuellement leur engagement militaire dans le monde entier et se révèle très coûteuse, avec la création de nombreuses bases militaires et l’entretien de flottes américaines en Méditerranée et dans le Pacifique.

En octobre 1962, lors de la crise des fusées, la tension est extrême entre Américains et Soviétiques. Lorsque les États-Unis découvrent l’existence, à Cuba, de bases de lancements de missiles offensifs, Kennedy exige de Khrouchtchev le retrait des fusées soviétiques et menace Cuba d’un embargo total. Durant quelques jours, la guerre semble imminente mais Khrouchtchev accepte finalement le retrait des fusées contre une promesse de non-invasion de Cuba par les Américains.

À l’extérieur, l’héritage de Kennedy entraîne l’intervention des États-Unis au Viêt Nam. La guerre du Viêt Nam est la principale épine dans la politique extérieure de Johnson. Au début, le président américain poursuit la politique de Kennedy, consistant en l’envoi de « conseillers militaires » auprès des forces militaires du Sud-Viêt Nam, sans intervention directe dans le conflit. À partir d’août 1964 (incidents dans le golfe du Tonkin, premiers bombardements américains sur le Nord-Viêt Nam), le président est autorisé à accroître la présence militaire américaine en Asie du Sud-Est. Il est dès lors entraîné dans une politique d’escalade. En dépit des moyens considérables employés, celle-ci ne peut parvenir à des résultats décisifs. En 1969, plus de 541 000 soldats américains sont engagés dans la guerre du Viêt Nam.

Les États-Unis compensent leur échec au Viêt Nam par un redressement spectaculaire de leur position au Proche-Orient. Ils amorcent un rapprochement avec l’Égypte dès le début de 1973. La diplomatie américaine joue un rôle décisif dans la guerre israélo-arabe d’octobre et finit par obtenir le retrait des troupes israéliennes au Sinaï.

L’invasion soviétique en Afghanistan (1979) crée une grave tension internationale et entraîne une dégradation des relations américano-soviétiques. Les États-Unis réduisent leurs échanges commerciaux avec l’URSS.

L’effondrement de l’URSS entre 1989 et 1991 renforce considérablement la suprématie politique et militaire des États-Unis, désormais la seule superpuissance.

La politique extérieure des États-Unis entre 1996 et 2000 est marquée par un retour en force de la diplomatie américaine sur la scène internationale : Kosovo, Union européenne, OTAN, Afrique, Chine, Proche et Moyen-Orient, Iran, Irak, Afghanistan, Corée du Nord, Panama, Cuba et essais nucléaires sont autant de dossiers sur lesquels la première puissance mondiale se montre très présente.

En définitive…

Faut-il s’étonner du statut des États-Unis ? À travers leur parcours durant le 20e siècle, de gré ou de force, ce pays aura été impliqué dans une multitude de conflits. « Le véritable esclave des décisions de ce pays est peut-être le gouvernement lui-même. », disait l’introduction de cet essai. Sans vouloir leur attribuer de la pitié, peut-être que les États-Unis sont victimes de leur choix. Peut-être ont-ils été des proies de l’Histoire. Peut-être ont-ils été la cible du propre tourbillon déclenché par eux-même.

Voilà beaucoup de questions. Voilà plusieurs interrogations. Voici toutefois un fait indiscutable qui a forgé notre Histoire : aucun empire, quel qu’il soit, n’a perduré dans le temps. Les empires de l’Antiquité ont certes résisté aux années mais ont également laissé, par la force des choses, la place à une entité plus puissante. 

Ainsi, à qui les États-Unis cèderont-ils leur précieuse place… ?

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23 mai 2006

L'objectif du blogue

Chers intéressés des sciences humaines et de l'actualité internationale, bonjour!

Le présent blogue vise à des échanges multiples sur tous les sujets qui traitent, de proche ou de loin, de l'Univers social. Bien entendu, il serait très approprié de se pencher également sur les sujets d'actualité qui nous touchent tous.

Ainsi, tout pourra être au menu mais rien laissé au hasard...

Rappelons-nous ici de l’Histoire…et cherchons à y voir plus clair.

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